Les frères des écoles chrétiennes sont arrivés à Armentières en 1840 à la demande de la municipalité, afin de s’occuper de l’enseignement des enfants de la cité.
S’installant tout d’abord
près de la Grand-Place, dans le fond de la cour de l’hôtel du Lion d’Or (cet
Hôtel fut détruit en 1860 lorsque fut percée la rue de l’école (rue Sadi
Carnot), ils émigraient en 1862 dans la rue Impériale (Rue Nationale) et
ouvraient en 1864 une seconde école
rue Solférino (rue Paul Bert).
En 1879,
pressentant leur départ suite à la laïcisation des écoles, les Frères
ouvraient le demi-pensionnat Saint Jude pour y donner l’enseignement
secondaire, mais trois ans plus tard la direction en était confiée à des
prêtres.
En 1882,
on retirait aux frères l’enseignement officiel de l’instruction primaire.
C’est ainsi qu’ils furent invités à quitter leurs fonctions et les écoles des
rues Nationale et Solférino, ces deux écoles étant confiées à des instituteurs
laïcs.
Des industriels
formèrent alors un comité pour établir des écoles libres.
Ils firent l’acquisition d’un vaste local
inhabité depuis de nombreuses années et s’étendant de la Grand-Place à la rue
des Agneaux (Rue Gustave Duriez).
En octobre 1884, les frères étaient dans la
nécessité d’en réduire le nombre de classes.
Pour ne pas être dans l’obligation de
renvoyer des élèves, ils ouvraient le 3
octobre 1884 dans l’ancienne filature MAHIEU sise rue du Molinel l’école
gratuite Saint-Vaast.
AINSI NAISSAIT L’ECOLE
SAINT CHARLES.
Après avoir abandonné cette école aux maîtres
laïcs du 1″ Octobre 1887 au 1″
avril 1889, les Frères des écoles chrétiennes s’y installent
définitivement.
Les bâtiments formant le quadrilatère
Saint-Charles Sainte Anne s’étendent alors de la rue des promenades (rue
Deceuninck), du Molinel, et des Agneaux.
Ils sont entièrement occupés tant par les
classes que par les oeuvres, et le patronage se divise en deux parties : Saint
Stanislas et Saint Louis.
En 1890, on sépare les bâtiments en deux, à
cause de la laïcisation des écoles des Soeurs de la Charité et à la rentrée de 1892, les familles
demandent des classes payantes.
C’est maintenant l’école
gratuite ou Externat Saint Charles.
Désormais les élèves sortent par la rue des
promenades et les enfants de l’école gratuite Saint Vaast par la rue du
Molinel. L’école est sous la Direction de frère
ANICE.
Sous l’impulsion des frères, non seulement le
nombre d’élèves ne cesse d’augmenter, mais on assiste à l’ouverture d’autres
écoles : Saint-Joseph dans la paroisse notre Dame, Saint Roch et Sacré Coeur.
Chaque jour les Frères se rendent dans ces
écoles pour y exercer leur apostolat. Le frère ANICE en suit le développement.
En mars 1905, avec la séparation de l’église et de l’état, commence la fermeture des
écoles religieuses. Les Frères de l’école Notre Dame (Saint Joseph) reçoivent
l’ordre de s’en aller à la fin de l’année scolaire.
C’est la première école qui sera atteinte par
la loi du 4 juillet 1904 et qui sera fermée officiellement le 1er septembre
1905. Les autres écoles fermeront l’année suivante (ler septembre
1906) et les frères des écoles chrétiennes quitteront la Cité pour prendre le
chemin de l’exil.
Ils furent remplacés par
des maîtres civils jusqu’en 1914.
Lorsque la première guerre mondiale éclata,
les maîtres furent mobilisés. Armentières devint une ville du front et devant
les bombardements continuels, la population évacua. Les destructions ne
laissèrent que des ruines et l’école Saint Charles fut dévastée. Le corps du
bâtiment de la rue du Molinel fut réduit à néant. Il est actuellement remplacé
par le préau. Quant à celui front à la rue des promenades, il était très
endommagé, le toit et le premier étage éffondrés.
La guerre finie, il
fallut songer à la reconstruction.
Bien vite, en 1919, grâce à Mr le Chanoine HEMERY, supérieur de Saint
Jude, trois classes se reformaient à l’école Saint Charles.
Pendant ce temps, M. le Chanoine
BOUCHENDOMME, doyen d’Armentières, faisait réparer le premier étage et le toit
de l’ancienne chapelle du cercle de la rue des Promenades (par la suite, cet
endroit sera le siège d’une société de gymnastique, la « jeune garde »).
Puis dans ces locaux, s’ouvrit l’église
provisoire de St Vaast et St Roch, donnant neuf messes chaque dimanche pour
toute la ville.
Les travaux achevés,
l’école Saint Charles rouvrait ses portes le 4 octobre 1922.
Soixante-douze élèves
répartis en trois classes faisaient leur entrée. Le Frère Cosme Dominique
assurait la Direction. M. Le Vicaire Général Jourdain, Doyen d’Armentières de
1909 à 1914, avait en effet beaucoup insisté pour le retour des Frères, malgré
de nombreuses difficultés administratives.
En 1923/1924, l’école était dotée d’un cours
supérieur et, en 1925, le Frère Fortunatien Marie remplaçait Frère Dominique.
L’école ne cessait de prendre de l’expansion.
Le nombre des élèves augmentait d’année en année et les recrues venaient de
toutes les paroisses de la ville et de tous les villages environnants.
De 72 élèves en trois
classes de 1922, l’effectif passait à 423 élèves répartis en dix classes en
1935.
Pour venir en aide à l’école fut créé le
comité de la foire aux plaisirs. Depuis 1933, celui-ci organisa chaque année à
la mi-juillet une grande kermesse qui est une des plus célèbres de la région et
qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours.
En 1934 les frères
reprenaient leur costume.
On ouvrait dans l’école des ateliers du bois
et du fer. L’école préparait à divers examens : BE, REPS, diplôme de
sténo-dactylo, certificats supérieurs, complémentaires et élémentaires.
En 1939, la mobilisation amenait quelques
changements dans le personnel et la guerre s’abattait à nouveau dans la cité.
En mai 1940, les bombes
et les torpilles s’acharnaient sur l’école Saint Charles. Le parloir et le
réfectoire des frères étaient inutilisables, ainsi que 4 classes à l’extrémité
du bâtiment de la rue Deceuninck. En juin 1940, l’école était dans
l’impossibilité de reprendre les cours et fusionna momentanément avec Saint
Edouard. De nouveaux travaux durent être entrepris afin de pouvoir rouvrir au
nouvel an 1941.
Le 14 mai 1944 vit encore
la fermeture de tous les établissements scolaires.
Lors du bombardement du 22 juin 1944, parmi
les 120 victimes armentièroises, on comptait 3 élèves et 8 jeunes anciens de
l’école. Afin de perpétuer leur souvenir, l’amicale des jeunes rédigea un fascicule
« In Memoriam ».
Parmi les nombreuses réalisations, on notait
l’amicale des anciens élèves, l’amicale des jeunes avec son bulletin
trimestriel « voix de l’E.S.C.A. » et le comité familial scolaire paroissial.
En 1972, les frères des écoles chrétiennes
décidaient de quitter le collège Saint Charles et annonçaient leur départ.
La direction diocésaine, reconnaissant la
qualité de l’équipe enseignante en place, laissait alors au groupe des
professeurs le soin d’élire leur directeur.
Monsieur BARBRY, enseignant depuis 1963 à
Saint Charles, fut élu et resta à son poste jusqu’en 1989, date à laquelle il
fut remplacé par Monsieur Desmarets.
Sous son directorat,
l’école fut en constante progression.
L’aspect éducatif demeura très important et
une association de voyages de l’école, la S.E.S.C.A. fut créée, apportant des
sorties correspondant aux matières étudiées, ainsi que des séjours à
l’étranger.
Finalement l’informatique et les ordinateurs
fit son apparition à Saint Charles en 1985, et les enseignants retournèrent « à
l’école » pour cette nouvelle formation.
A la rentrée de septembre 1990, l’école Saint
Charles accueillait 694 élèves se répartissant dans les 28 classes de
l’établissement. 48 enseignants assurent les cours et une vingtaine de personnes
se chargent de l’administration et de l’entretien.